à l’appel de Bassines Non Merci et des Soulèvements de la Terre,
à l’occasion du Congrès national de la FNSEA.
Dans le Poitou-Charentes, des coopératives agro-industrielles tentent de faire main basse sur l’eau dans le but de pérenniser leur mode de production écocidaire : 93 « méga-bassines » dont plus d’une dizaine dans le Marais poitevin – deuxième plus grande zone humide en France – risquent d’être érigées dans les trois prochaines années.
Depuis quelques semaines, la lutte contre ces projets de « méga-bassines » est entrée dans une phase décisive. Début septembre, des pelleteuses ont débarqué sur la commune de Mauzé-sur-le-Mignon (79) en vue de réaliser le premier des seize chantiers prévus dans le Marais !
Hasard du calendrier : le démarrage des chantiers coïncide avec la tenue du Congrès national de la FNSEA, syndicat productiviste en grande partie responsable du maintien du système agricole toxique actuel. La tenue de ce congrès du 21 au 23 septembre prochain à Niort (79), sera sans doute l’occasion pour la FNSEA et le gouvernement de se féliciter du début des travaux.
Les collectifs Bassines Non Merci, rejoints par les Soulèvements de la Terre – auxquels prennent part activement la Confédération paysanne et des groupes écologistes, à l’instar de groupes locaux d’Extinction Rebellion et de Youth for Climate – appellent à converger, à pied, à cheval, en voiture, en tracteur, sur Niort et dans le Marais poitevin le 22 septembre prochain. Il s’agit de marquer un front, aussi large que déterminé, contre l’accaparement de l’eau et le démarrage de ces chantiers, pour défendre le Marais et exiger un partage juste de la ressource en eau :
Rendez-vous mercredi 22 septembre 2021, Place de la Brèche, à Niort,
à partir de 12h, autour d’un grand banquet paysan.
Le banquet sera suivi d’une manif-action : le « Méga-bassine tour ».
Les « méga-bassines », c’est quoi ?
Les « méga-bassines », ce sont des infrastructures de stockage hydraulique, aux allures d’énormes cratères plastifiés – d’une surface moyenne de 8 hectares (les plus grandes allant jusqu’à 18 ha), décaissées jusqu’à 8 mètres, la matière extraite servant à élever autour des digues de plus de 10 mètres –, qui doivent permettre à l’agro-industrie de concilier raréfaction de la ressource en eau et maintien de l’irrigation intensive dans un contexte de dérèglement climatique.
Face au manque d’eau chronique, l’objectif de ces « méga-bassines » n’est pas de réduire les volumes d’eau pompés sur l’année mais de contourner les restrictions de pompages imposées l’été.
Le principe est de substituer les pompages réalisés en période de « basses eaux » (printemps/été) par des pompages en nappes souterraines en période de « hautes eaux » (automne/hiver), au prétexte qu’il existerait un surplus d’eau l’hiver.
Seulement, si la pluviométrie est insuffisante, ces pompages hivernaux diminueront les débits des cours d’eau précisément au moment où il est vital pour l’ensemble du réseau hydrographique – plans d’eau, cours d’eau, nappes phréatiques, zones humides, etc. – d’être alimenté. Ces pompages porteraient par conséquent préjudice aux milieux, à la ressource en eau et à la biodiversité.
L’accaparement de cette ressource, commune et nécessaire à l’ensemble des êtres vivants, par une poignée d’agro-industriels (4 % des exploitants agricoles) aura pour effet d’accentuer, non seulement, l’asséchement des bassins versants, mais également, la dynamique d’accaparement des terres et donc les inégalités au sein du monde agricole.
Le gouvernement continue malgré tout de soutenir ce modèle à grand renfort d’argent public (80% via les agences de l’eau, la région, le département, etc.) et à le présenter comme une solution « miracle » pour l’agriculture productiviste. Dans les années à venir, ces projets de réserves d’eau risquent de se généraliser à l’ensemble du territoire national : validés comme stratégie majeure d’adaptation au changement climatique par l’actuel ministre de l’agriculture, J. Denormandie, dans le cadre du « Varenne Agricole de l’Eau », en juillet 2021, mille projets pourraient voir le jour d’ici 2025 !
Pour l’instant, cette entreprise d’accaparement se heurte à une forte opposition. Des paysan.ne.s, des riverain.ne.s, et plus d’une trentaine d’organisations politiques, syndicales, et associatives, fédérées au sein des collectifs citoyens Bassines Non Merci ! (BNM), s’organisent depuis quatre ans pour bloquer ces projets.
Malgré les manifestations d’opposition pouvant rassembler plusieurs milliers de personnes, les pouvoirs publics s’obstinent. Avec le démarrage des travaux début septembre, une nouvelle phase décisive de la lutte s’ouvre. Il est vital de les arrêter au plus vite !