Le 28 mars, devant l’Assemblée Nationale, Gérald Darmanin annonçait tout feu tout flamme la dissolution des Soulèvements de la Terre pour la mi-avril (JDD, 1 avril 2023). Le Gouvernement vient pourtant de marquer un recul face à l’intense vague de solidarité et d’adhésion que cette annonce a provoquée. En effet, la décision n’a pas été prise ni le 13 avril, ni durant ce Conseil des ministres du 19 avril. Et pourtant la prochaine mobilisation de la saison 5 des Soulèvements de la Terre est organisée ce week-end (22-23 avril) contre le démarrage des chantiers de l’autoroute A69 entre Castres et Toulouse.
Il faut dire que depuis l’annonce du projet de dissolution plus de 90 000 personnes ont déclaré publiquement leur adhésion au mouvement. Elle a aussi provoqué l’officialisation de déjà plus de 100 comités locaux des Soulèvements de la Terre partout en France : https://lessoulevementsdelaterre.org/…/des…, ainsi qu’en Suisse ou en Belgique.
Darmanin a t’il poussé malgré lui à la démultiplication d’une force qui pourrait s’avérer d’une ampleur et d’une détermination inédites dans les combats écologistes? L’avenir le dira, dans ce que cela suscitera d’actions collectives et directement impactantes contre le ravage environnemental et marchand.
On pourrait se réjouir de cet indéniable effet boomerang, mais ce qu’on ne peut ni pardonner ni oublier c’est que cette décision gouvernementale en suspens est arrivée alors que M. Darmanin tentait tant bien que mal de se dédouaner de sa responsabilité dans une politique répressive sanglante. Aujourd’hui encore, nos pensées vont toujours à Serge, encore entre la vie et la mort et aux autres blessé.es de Sainte-Soline et du mouvement des retraites.
Les comités des Soulèvements de la terre organisent des dizaines de rassemblements ce soir mercredi 19/04 partout dans le pays.
Dans les Deux Sèvres, plusieurs rassemblements auront lieu, Bassines Non Merci sera bien-sûr présent car NOUS SOMMES Les soulèvements de la terre :
NIORT – 19h à côté de la Piscine pré leroy
MELLE – 19h place Bujaut
Ces rassemblements et discussions sont une manière d’affirmer que les luttes pour la défense des terres et de l’eau sont indissolubles – mais aussi une première étape pour se rencontrer et échanger, donner corps aux comités locaux ainsi qu’à leurs liens aux luttes de terrains au plus proches d’eux.
Retransmission de la soirée « Nous sommes les Soulèvements de la Terre »
Pour celles et ceux qui n’ont pas pu assister au meeting des soulèvements de la terre, une RETRANSMISSION de la soirée « Nous sommes les Soulèvements de la Terre » est disponible :
# Darmanimp’
Le 02 avril 2023 – Réponse à la trumpisation accélérée du ministre de l’intérieur Darmanin dans le JDD
Nous sommes les Soulèvements de la Terre
Depuis vendredi matin plus de 50 000 personnes dont des milliers de personnalités, syndicalistes, artistes, scientifiques, élu-es, et des dizaines d’organisations politiques, associatives et syndicales en France et à l’international ont affirmé leur adhésion au mouvement des Soulèvements de la Terre par un appel « Nous sommes les Soulèvements de la Terre » initialement publié dans le Monde.
Cependant et alors que les autres initiatives de soutien se multiplient à travers plusieurs tribunes indépendantes, un ministre de l’intérieur, aux abois, s’entête hier soir encore dans un entretien au JDD à prétendre dissoudre cette large coalition pour la défense des terres et de l’eau. Voici pour rappel notre réaction à l’annonce ce cette mesure de dissolution.
Faire disparaître les luttes locales ?
Mais après les Soulèvements de la Terre, c’est désormais aussi les « zads », et derrière ce terme les luttes locales, que le gouvernements prétend faire disparaître.
Rappelons en passant qu’à Sainte-Soline, que ce soit lors des mobilisations d’octobre ou de mars, personne n’a jamais prétendu constituer une zad et rester sur le terrain en dehors du temps de la mobilisation, à part le ministre de l’intérieur qui agitait une pure chimère pour pouvoir affirmer qu’il avait empêché quelque chose de se produire.
En réalité, au vu de la carte des 42 « sites sous surveillance » offerte par le JDD sur la base des services de renseignement, c’est l’ensemble des luttes écologistes vivaces de ce pays – face à des projets inutiles et écocidaires d’autoroutes, d’extension d’aéroports, de mines de lithium, de méga-bassines, de bétonnisation de jardins populaires – qu’il s’agit pour ce gouvernement de museler. Sa cellule « anti-zad » et ce qu’elle recouvre réellement est bien une déclaration de guerre au mouvement écologiste et paysan dans son ensemble, aux habitant-es des territoires qui lui font face.
Par ses fables sur la menace d’ultra-gauche et ses mensonges éhontés sur les blessé-es, le ministre de l’intérieur déploie évidemment un exercice de propagande destiné à se protéger de l’ensemble des vives critiques sur sa gestion brutale du maintien de l’ordre auquel il va devoir répondre cette semaine, y compris du côté d’institutions internationales et ONG emblématiques : ONU, Conseil de l’Europe, défenseurs des droits, commission des lois, Ligue des Droits de l’Homme, Amnesty international… Mais nul doute que dans les délires paranoïaques et fantasmes diabolisateurs du ministère de l’intérieur, l’ensemble de ces personnes soient désormais passées dans le camp des dits « éco-terroristes ». Nul doute aussi que ses allégations délirantes sur les manifestant.es venu.es pour « tuer du flic » ne cherchent qu’à cacher la réalité : ceux qui ont tué ces 20 dernières années dans ce pays ne sont pas les manifestant.es écologistes mais bien la police : dans son service du maintien de l’ordre et dans les quartiers populaires, entre autre. Elle a éborgné et mutilé ces dernières années des dizaines de personnes durant le soulèvement des gilets jaunes, le mouvement loi travail, l’expulsion des zads ou le mouvement actuel des retraites.
Quant à son déni réitéré sur l’usage de LBD, d’armes de guerre et surtout sur l’obstruction faite au secours par les force de l’Ordre à Sainte-Soline, on constate une trumpisation effarante de la parole gouvernementale passée dans une réalité alternative en qualifiant de fake news des éléments délivrés par des journaux de référence sur la base d’enregistrements et de témoignages concordants délivrés par des observateurs de la Ligue des Droits de l’Homme, élu.es et représentant.es syndicaux présents sur place (https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/sainte-soline-lenregistrement-qui-prouve-que-le-samu-na-pas-eu-le-droit-dintervenir).
Mais Darmanin entend aussi détourner l’attention sur le fond du problème : l’action anti-écologique du gouvernement au profit d’intérêts privés. En pleine crise climatique et hydrologique, alors que des centaines de milliers de personnes à travers le pays ressentent une urgence aussi vitale que salutaire à agir, Darmanin se permet de mettre le doute sur la sincérité de leurs motivations. Il est désormais clair en tout cas que la motivation de son gouvernement est de continuer à protéger les profits de quelques industries du ciment, du sable, des engrais et pesticides (1)quel qu’en soit le coût humain, écologique, et d’ailleurs économique (5 millions d’euros de coût de l’opération de maintien de l’ordre le 25 mars à Sainte-Soline – soit plus que la facture du chantier, des bassines qui profitent aux intérêts privés de quelques agriculteurs mais qui sont financées à 70% par de l’argent public, un ministre de l’Agriculture vient tout juste de revenir sur l’interdiction du S-metholachlore en guise d’allégeance au nouveau président de la FNSEA, émissaire de l’agro-business….).
Nous ne savons pas jusqu’où ira ce gouvernement pour espérer sauver sa peau en mutilant et piétinant sa population et en augmentant quotidiennement le niveau de mensonges assénés aux médias, mais nous réaffirmons qu’il est grand temps que Darmanin démissionne et que son gouvernement se dissolve.
En ce qui concerne la procédure de dissolution des Soulèvements de la Terre dont le mouvement a reçu la notification jeudi 30 mars et qui pourrait être prononcée dès le 12 avril : l’ensemble des collectifs et les dizaines de milliers de personnes partie prenante des Soulèvements de la Terre n’entendent pas se laisser interdire d’agir ensemble par des décisions ministérielles d’un gouvernement illégitime. Plus d’un millier de personnes sont d’ores et déjà prêtes à attaquer juridiquement le décret de dissolution s’il devait paraître.
Nous attirons à ce sujet l’attention sur la note des renseignements intérieur ayant abouti à cette procédure de dissolution et lisible dans son intégralité sur le site de Lundi Matin avec notre analyse. En effet, à la lecture de cette note confidentielle étonnamment élogieuse, on comprend qu’au-delà du prétexte affiché de la violence, si le ministre cherche à dissoudre le mouvement, c’est essentiellement parce qu’il réussit à fédérer et peser sur le champ politique !
## Enfin et pour l’heure, nos premières préoccupations vont toujours aux blessé-es que le gouvernement a choisi délibérément de démultiplier pour tenter de terrifier un mouvement, à Serge toujours entre la vie et la mort, à Michaël encore dans un état extrêmement grave, à celles et ceux qui ont perdu un oeil, un pied, qui resteront meurtri-es dans leurs corps et dans leurs têtes.
Pour elles et eux, parce qu’une lame de fond ne peut être dissoute, nous continuerons notre combat pour les terres et l’eau, immédiatement en solidarité avec le mouvement des retraites et pour la fin rapide des méga-bassines.
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