2 ANS APRÈS SAINTE-SOLINE, ON A TOUT FÊTÉ !

Deux ans après la répression violente des défenseur.es de l’eau à Sainte-Soline, la lutte contre les méga-bassines reste plus forte que jamais !


Deux années se sont écoulées depuis cette immense mobilisation à Ste Soline, le 25 mars 2023. Depuis,  nous avons multiplié les rassemblements et les actions : à Priaires pour dénoncer les scandales et les conflits d’intérêts concernant la méga-bassine SEV2, à l’Assemblée nationale avec la tentative de proposition de loi pour un moratoire sur les bassines, en vélo de Ste-Soline à Paris lors du Convoi de l’Eau, à Melle lors du Village de l’Eau, dans la Vienne lors de l’action de désarmement de la bassine du géant industriel Pampr’oeuf, à La Rochelle lors du blocage du port de la Pallice, plus récemment à Saint-Sauvant pour empêcher le démarrage de la SEV14, et même au-delà des frontières lors de la Traversée des Luttes pour l’Eau entre le marais Poitevin et Venise…

Malgré la tentative d’imposer la résignation et la terreur à Ste Soline, la lutte antibassines s’est au contraire intensifiée, elle est plus forte que jamais.

Pour cette journée de commémor’action du 25 mars 2025, les gestes de soutien se sont multipliés partout en France, comme à Nantes où une banderole a été déployée sur le périphérique : « Souviens-toi de Ste-Soline ». À Rennes, à Poitiers et à Melle, les méga-boums ont été un véritable succès ! Plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées avec joie, émotion et détermination pour exprimer leur opposition aux bassines, rendre hommage aux victimes de la répression d’État et célébrer les avancées arrachées face au passage en force de l’État.

Danses enjouées, slogans scandés, envolées de chants et de lanternes, hommages poignants, prises de paroles déterminées et déambulations colorées ont illustré la force d’un mouvement qui conjugue fête et résistance. Loin de s’essouffler, notre lutte ne cesse de se renouveler et de grandir !

MELLE

À Melle, un cortège s’est formé depuis le pont aux roses et a déambulé bruyamment jusqu’à la gendarmerie. Face aux donneurs d’ordres et aux bourreaux de Ste Soline honteusement rangés devant les grilles, nous avons déployé un magnifique dispositif festif et coloré. Des banderoles et un système son ont été installés tout autour de la gendarmerie, 200 bougies ont été allumées et disposées aux pieds des gendarmes, formant le mot « NO BASSARAN », pour rendre hommage aux victimes des armes de la police lors de la manifestation de Ste Soline. Des lanternes se sont également envolées dans le ciel. 2 ans après, les détonnations des grenades ont laissé place à celles des feux d’artifices qui ont éclaté dans le ciel suite aux prises de paroles poignantes des familles des victimes et des collectifs en lutte pour la défense de l’eau. Deux DJ set endiablés nous ont permis de danser la lutte, de panser les maux, de nous retrouver pour célébrer nos victoires et nos solidarités face à ceux qui tentent de nous faire taire. 

POITIERS

À Poitiers : Après avoir écouté les revendications des blessé.es, portées par la mère de Serge, et suite à la projection des images de Sainte-Soline, les 400 manifestant·es rassemblé·es à Poitiers ont pu suivre l’outarde canepetière revenue de migration sur des terres préservées de bassines ! Dans une ambiance joyeuse et déterminée, la grande marionnette a mené le cortège devant la caserne militaire et les locaux de la cellule de renseignement pictave dédiée au mouvement anti-bassines. Les gendarmes déployés devant ont préféré entraver la manifestation, protégeant leur forteresse. L’Etat n’accepte pas que l’on pointe les donneurs d’ordre responsables de la répression ni les irresponsables qui utilisent leurs armes contre la population pour les profits de quelques-uns. Devant la lumière des camions bleus, nous avons dénoncé la militarisation des empires contre les peuples en lutte, les politiques d’accaparement qui sèment la guerre partout sur la planète, détruisent les écosystèmes et privent des populations de leurs terres et de leurs ressources.
Devant cette caserne, nous sommes venu·es symboliquement désarmer les profiteurs d’une nouvelle technologie de la répression apparue cet été : un lance-grenades multi-coups, classé arme de guerre, qui peut tirer jusqu’à 12 grenades lacrymogènes très rapidement à plusieurs centaines de mètre. Arme expérimentée d’abord dans une colonie, en Kanaky, puis dans l’hexagone contre les manifestant.es à Migné-Auxances cet été. Nous leur avons confisqué pour en faire la mascotte du carnaval ! Puis, à l’endroit même où la mascotte Darmanin fût jetée l’année dernière, le lance-grenades a plongé dans le Clain pour y être brûlé ! Et de l’eau jaillit le feu !

RENNES

À Rennes, un rassemblement en hommage aux blessés de Sainte-Soline s’est tenu devant la caserne Marguerite à Rennes, où se situe le commandement régional de la gendarmerie et l’ADIGGN de Bretagne, en charge de l’enquête sur les violences et l’obstruction aux secours lors des événements. Ici aussi, 200 bougies symbolisant les 200 blessés ont été déposées. Le communiqué des quatre blessés graves ayant porté plainte a été lu, accompagné de témoignages extraits du livre Avoir 20 ans à Sainte-Soline. Les participant.e.s ont également partagé leur vécu de cette journée marquante. L’hommage s’est conclu par des chants, sous la surveillance des forces présentes dans la caserne et sous le regard d’une fille de gendarme depuis la fenêtre des logements de l’autre côté de l’avenue.

Célébrons ce que nous avons accompli collectivement jusqu’ici !


Les revendications et les actions menées, dans leur diversité, par des milliers de personnes et des centaines d’organisations ont permis de faire progresser le débat sur la gestion de l’eau au niveau national et d’obtenir des avancées significatives :

  •  Les financements publics des bassines sont gelés, en attente d’études scientifiques et de concertations sur les bassins versants (étude HMUC, PTGE).
  • Des projets de bassines ont été annulés par la justice (bassin de la Pallu et de l’Aume-Couture)
  • En décembre, quatre bassines ont été suspendues pour leur menace sur la biodiversité, dont celle de Sainte-Soline, aujourd’hui à l’arrêt.
  • Le coût des bassines devient démentiel, et intenable pour les porteurs de projets. Les assurances ne suivent plus et ne veulent plus signer de contrats, et de plus en plus d’irrigants se rendent compte de l’arnaque des bassines et du modèle délétère dans lequel ils ont été embarqués !
  • Ce printemps, l’outarde canepetière pourra retrouver son habitat à Saint-Sauvant, symbole du vivant que nous défendons.

Mais si ces avancées prouvent la force de notre combat, la lutte est loin d’être terminée. Le gouvernement cherche toujours à imposer ce modèle néfaste ici et ailleurs.

Des dérogations pourraient être accordées pour relancer les projets de Sainte-Soline et Saint-Sauvant. Par ailleurs, certaines autorités locales manipulent les concertations autour du partage de l’eau afin d’imposer de nouvelles bassines (PTGE sur le bassin du Clain). Le préfet de la Vienne a déjà validé six projets sur le bassin de la Clouère et vient d’annoncer vouloir multiplier les projets de bassines qu’il estime « acceptables ». La Loi d’Orientation Agricole renforce encore cette logique en accordant aux ouvrages de stockage d’eau un statut ‘d’intérêt public majeur’ pour l’agriculture au lieu de favoriser des solutions durables assurant la préservation des milieux et des ressources en eau, face aux bouleversements climatiques.

En parallèle, l’omerta policière et judiciaire sur les évènements de Ste-Soline persiste.

Le 25 mars 2023, la manifestation a été marquée par un usage massif et brutal de la force et de la répression, entraînant plus de 200 blessé-es, dont 2 dans le coma et plusieurs mutilé-es, ainsi que des milliers de traumatisé-es. Face à ce bilan dramatique, seule une enquête pénale préliminaire a été ouverte et aucune issue judiciaire ne semble se dessiner. La lenteur et le secret de cette enquête, menée sans transparence, empêche les victimes et leur avocate de faire valoir leurs droits. Les autorités refusent toujours de communiquer en invoquant le « secret défense » pour bloquer l’accès aux documents relatifs au maintien de l’ordre. Le droit à la vérité et à la justice ne peut être piétiné. L’impunité ne peut être la règle. Nous appelons les institutions à respecter leurs obligations et à faire toute la lumière sur les événements de Sainte-Soline. Face à la répression, nous ne nous tairons pas !

La répression à l’encontre des défenseur.ses du vivant n’a cessé de s’intensifier. 

Arrestations arbitraires, surveillance accrue, criminalisation, pressions judiciaires : tout est mis en œuvre pour faire taire celles et ceux qui s’opposent aux accaparements et aux destructions de nos milieux. Les autorités tentent toujours d’instaurer un climat de terreur destiné à démobiliser. Pourtant, ces tentatives d’intimidation n’ont en rien entaché notre détermination, au contraire !

Nous appelons donc à poursuivre et intensifier la lutte, à multiplier les actions de tous genres contre l’avancée des projets, à renforcer les liens entre les mouvements à tous les niveaux, à exiger un moratoire sur les bassines et à porter, ensemble, une gestion de l’eau partagée et un modèle agricole respectueux des ressources et du vivant.

Deux ans après Sainte-Soline, nous réaffirmons avec force : nous ne lâcherons rien. La lutte continue, plus que jamais. Dans la joie, la colère et la détermination.

No Bassaran !

Retrouvez les témoignages publics et des informations sur le traitement médiatique de sainte-soline sur le site de la saisine à la défenseure des droits des 72 blessé-es et obervateur-ices de sainte-soline : https://blessures-ste-soline.com/

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