18 – 27 août – Le convoi de l’eau : Sainte-Soline > Orléans > Paris

Récits jour après jour


19/08 Convoi de l’eau – Jour 2 – De la traversée du convoi à la traversée du désert ! le bonheur est dans le pré.

A 3200 tartines, 700 personnes, presque autant de vélo et 20 tracteurs,  entre le réveil collectif  et le départ effectif il faut bien compter 2 heures. Une partie motorisée du convoi part de son côté pour remonter le camps du soir et l’essentiel – une cantine, des sanitaires, un scène et un bar avec le groupe d’accueil local.

De la traversée du convoi…

Au rythme des cyclistes, le territoire prend le temps de se dévoiler, strates par strates. Première partie de journée vallonée, ombragée et mouillée. Le convoi  divisé en 4 pelotons occupe 3 kilomètres de route. Des habitant.es sont de nouveau au bord des routes à applaudir ou à crier le poing levé « no bassaran » en assistant au passage du convoi.  Quand on le remonte d’un bout à l’autre pour se figurer l’ampleur du phénomène, on dépasse successivement  plusieurs dj’s offrant chacun.e leur meilleure playlist, une plate-forme de toilettes sèches, des équipes médics et un atelier de réparation de vélo,  une roulotte repos-bibliothèque, une zbeulinette de redistribution récup bio pêches-abricots, un tournage de météo-bassines, plusieurs outardes, des tonnes à eau, des unités volantes de gestions de la circulation à chaque croisements et plusieurs centaines de conversation fluctuantes… Parce qu’au rythme où on va on a plutôt le temps de se rencontrer. On avait toujours rêvé que le tour de france ce soit nous – en roues libres –  plutôt que des athlètes sponsorisé·es, et que la caravane du tour soit une armada de tracteurs en mode boum et paillettes avec des remorques pleine de cookies et de glaces maison plutôt qu’un  défilé de multinationales. Ça c’est fait  ! 

Même s’il reste toujours quelques rabat-joies ici et là. En l’occurence à midi, premier désaccord entre le convoi et la gendarmerie sur l’itinéraire de passage à l’entrée de Vouillé. Le maire a produit un arrêté nous interdisant de traverser le bourg et d’aller à l’endroit ombragé de pique nique planifié. Nous refusons l’offre du terrain de foot en plein soleil, merci.

S’ensuit une première confirmation de la capacité du convoi à remporter l’épreuve de force et à noyer le (modeste) dispositif adverse dans un flot de vélos, un encerclement de chants, de slogans, de power disco, de sirènes de mégaphones, et de rugissements de tracteurs.

« A taaaable ! »

Premiers wraps frais livrés par l’incroyable intercantine de luttes, qui est déjà en train de préparer le repas du soir au bivouac. Le café s’étend en siestes éparpillées et concert sur le pouce de Ze Verveine Underground un groupe féminin de reprise féminine de 4 garçons de liverpool..

à la traversée du désert…

Il fallait bien ça pour endurer psychologiquement la deuxième mi-temps et la traversée du désert agro-industriel.  Pas une haie,  pas une zone d’ombre, des champs de maïs pour nourri des bêtes hors-sol, une rampe d’irrigation de plusieurs centaines de mètres, des méthaniseurs, gardés par des gendarmes luisants, qui dévorent des récoltes qui ne sont même plus destinées à l’alimentation.

Et au beau milieu de ces open fields un cas emblématique d’accaparement de plus de 2100 hectares par un méga-montage sociétaire. La safer, censé favoriser l’installation plutôt n’a pas été capable d’empêcher sa vente d’un bloc et de le subdiviser pour permettre des installations paysannes.Le gros lot est parti l’an dernier à une autre pieuvre agro-capitaliste qui possède déjà 1500ha à 300km de là.  

Début juin, un forage d’eau a dû être arrêté dans un commune voisine et des palettes de bouteilles d’eau déposées dans les mairies. Le seuil sanitaire y était dépassé pour la présence d’un fongicide interdit depuis 2020 et pourtant présent dans 1/3 de l’eau potable du pays. Malgré la dégradation dela ressource en eau – confirmé par une étude Hydrologie Milieux Usages Climats (HMUC), 30 méba-bassines sont actuellement en projet dans le département et visent un financement par l’agence de l’eau Loire Bretagne à qui nous comptont bien demander ce qu’elle entend arbitrer à ce sujet lors du rassemblement devant son bâtiment à orléans ce vendredi.

le bonheur est dans le pré

Ce soir même le lieu qui nous accueille s’appele le pré sec. Mais il se révèle charmant : en l’occurence un espace public, parcouru d’un cours d’eau, de grands arbres et un ilôt sauvegardé que la Mairie de Migné-Auxances a bien voulu nous réserver malgré d’absurdes pressions préfectorales. Nous sommes à deux pas de poitiers, la haie d’honneur à l’arrivée est plus nourrie encore qu’hier et se prolonge en méga-baignade dans l’Auxances. Chaque soir sous nos yeux ébahis, un site de festival éphèmère, illustrant la force matérielle dont s’est doté le mouvement et son ancrage territorial étendu.

Après les visions dystopiques de l’après-midi, vient le moment de déployer une table-ronde sur les manières de déjouer l’accaparement des terres avec les expériences cumulées de Terres de liens autour de la propriété collective en vue de favoriser l’installation paysanne, du travail fait par la conf’ au sein des institutions agricoles et en dehors, ou encore des stratégies d’occupation de terres ou de récoltes des fruits de l’accaparement que visent à développer les soulèvements de la terre.  Mais pour l’heure, il faut aussi remuer la terre dans un grand bal internationaliste dont l’ardeur nous guidera en demain encore jusqu’à la ferme des 1200 taurillons à Coussay les Bois – Etape 3 du convoi. (à suivre)

20/08 Convoi de l’eau – Jour 3 – Entre deux eaux et une ferme-usine

Ce dimanche 20 août, nous quittons à regret le fantastique site de Migné-Auxances après les dernières baignades en sous-bois. Nous découvrons avec stupeur que dans un communiqué de la veille, la préfecture a  compté 610 cyclistes au départ et 550 à l’arrivée. Nous aurions ainsi perdu 60 cyclistes en cours de route. Nous savions que la traversée de la plaine agro-industrielle avait été aride mais pas à ce point là ! Mais ce matin, nous nous sommes démultiplié et nous sommes presque 800, répartis en 4 pelotons,  pour nous élancer vers la ferme usine de Coussay-les-Bois.

La pause de midi arrive rapidement. Il fait une chaleur caniculaire et le convoi compte bien profiter de la présence du lac de Saint-Cyr, à la confluence du Pallu et du Clain, pour se rafraîchir.. Mais le plan d ‘eau est envahi par les cyanobactéries.  La baignade que tou·tes les cyclistes espéraient y est donc interdite. À la pause café, hors du programme officiel d’organisation du convoi, quelques dizaines de personnes prennent spontanément l’initiative d’aller se rafraîchir joyeusement sur un des points d’arrosage du golf situé juste à côté. Quelques messages revendicatifs sont laissés sur le green. Alors que les gendarmes commençaient eux-aussi à sauter par dessus les barrières pour entrer dans le golf, les militant·es soucieuses de ne pas gaspiller l’eau s’attardent pour refermer le robinet, qui leur reste dans les mains. Elles  déchaînent alors l’immédiate tweeto-furie du ministre… de l’agriculture.

Celui-ci aurait pourtant pu s’avérer compréhensif, puisque la présence accrue de cyanobactéries qui cause l’interdiction d’accès à un nombre toujours croissant de plans d’eau dans le pays est une conséquence du modèle agro-industriel – en cause  notamment la prolifération d’azote causée par l’épandage d’engrais de synthèse dans les sols.

Les golfs sont une source considérable de gaspillage d’eau, tout ça pour un sport et des pelouses réservés aux plus riches. L’absurdité de ces infrastructures est si évidente pour la majorité de la population que depuis plusieurs étés, divers groupes de riverain.es sont d’ailleurs allé.es y faire quelques facéties pour y  prôner un partage populaire de l’eau. Visiblement, certain.es sont encore assez hydraté·es pour pleurer sur quelques mètres carrés de green généreusement arrosés alors que la France est frappée par une canicule historique qui s’associe à la sécheresse s’accentue année après année, et que 120 communes sont actuellement privées d’eau.

M. Fesneau, ministre des golfs de son État, est ainsi plus prompt à réagir pour un golf que pour s’exprimer sur le tiers des eaux du pays pollué par du chlorothalonil, un fongicide interdit.

Au sortir de ce Golfgate, les gendarmes et la préfecture tentent d’infliger une punition collective au convoi en le bloquant en plein soleil au mépris des considérations sanitaires les plus élémentaires et en demandant à ce que leur soient livrées un certain nombre de personnes dont ils estiment qu’elles auraient fait un petit tour de golf. Mais on repart ensemble, Lily Allen chante « fuck you » dans les enceintes, le mauvais chantage ne prend pas et le convoi finit par repartir… ensemble.

L’après-midi, les côtes s’enchaînent avec Niagara dans les enceintes mobiles, pendant que les champs brûlent, jusqu’à l’arrivée sur  le chantier de la ferme-usine de Coussay-les-Bois. Nous arrêtons les tracteurs et posons les vélos sur la départementale pour marcher un peu et se retrouver à un millier face à d’immenses bâtiments où se planifie l’ engraissement de 1200 taurillons par an, élevés hors sol avec des arrivages de maïs et soja en production intensive. Le business-plan de la ferme-usine, construite sur une zone humide, ne va évidemment pas sans y accoler un méthaniseur XXL, dont les déchets menacent la nappe phréatique. Le collectif local contre la ferme-usine se bat depuis 10 ans contre ce projet mené par un jeune patron de… 85 ans qui se dit qu’à son âge, il est encore possible de laisser un signe d’espoir sur la planète à ses voisin.es par un dernier grand acte de pourrissement du territoire… il peut sans doute compter sur le soutien moral de M. Fesneau qui pourra y voir un modèle à suivre pour les générations futures.

Dans la ferme-usine, ne sont pour l’instant élevés que 7 camions de gendarmes-mobiles et leurs habitant.es. Après une entrée en matière de la Fanfare Invisible qui vient de rejoindre le convoi depuis Paris, la Maire de Coussay, Elisabeth Michel, et des membres du collectif, disent leur colère de voir la ferme-usine se construire sous leur nez malgré tout. Iels partagent aussi leur joie d’avoir rencontré la coordination nationale contre les fermes-usines avec qui s’allier et porter des actions communes simultanées ou converger. Partout en France, et notamment en Bretagne, où l’élevage industriel a fait proliférer les algues vertes, poussent des chantiers de fermes-usines, poules, cochons, vaches, au fond peu importe l’espèce pour lui. Autant d’aberrations de la « production animale industrielle » contre lesquelles la Confédération Paysanne se mobilise et défend un élevage paysan qui soit source de biodiversité plutôt que de ravages. Bassines Non Merci clôt et marque le trait d’union avec le combat contre l’accaparement de l’eau. Pour l’heure, le Convoi et les habitant.es de Coussay-les-Bois reprennent en choeur : « Pas de bassines ni de fermes-usines, c’est tous·tes ensemble qu’il faut lutter et on va toutes les démonter ». Après cette rencontre sur le terrain pour mieux en appréhender la topographie et les enjeux, il faudra donc revenir ! 

Cette confluence se poursuit sur une colline pleine de barnums après une nouvelle haie d’honneur à l’arrivée du Convoi. Un centaine de nos hôtes et l’équipe installation du Convoi ont encore tout donné pendant la journée pour nous offrir un campement tout confort. Cette fois ,la soirée combine grand ciel étoilé,  bal trad’, film sur l’élevage industriel et discussion sur les alternatives paysannes. Elle se prolongera le lendemain avec la découverte de la coopérative de Belêtre, une grande ferme collective qui sera notre prochaine étape avant le passage à Tours mardi. (à suivre)

Pour un résumé plus pop et concis de cette journée, nous vous invitons à aller voir l’épisode 3 de meteobassines :

21/08 Convoi de l’eau – Jour 4 – La vérité sur les « paysans indignes » du convoi de l’eau.

Lundi matin, le convoi s’offre quelques heures de sommeil supplémentaires en décalant le départ à 10 heures. Il faut ménager le corps pour traverser les prochaines étapes avec la même énergie débordante. Le peloton est trop occupé à goûter toutes les différentes confitures proposées au petit-dej ou à poursuivre les débats sur l’agriculture paysanne qui ont émergé suite aux projections de la veille pour s’intéresser au buzz de « La guerre du Golf » que tente de déclarer un gouvernement dont la crédibilité est définitivement enterrée.

Les 800 cyclistes s’élancent de Coussay-les-Bois en direction de la première grosse côte du parcours, avant de redescendre en chantant à travers la forêt. La pause de midi autour d’un sandwich pesto-courgettes est l’occasion de points infos dispensées au mégaphone aux plus motivé-es. Deux formations se tiennent sur le parking du plan d’eau, une sur la garde-à-vue et l’autre sur l’exercice physique avec une série de conseils sur les bonnes postures à adopter pour se prémunir des douleurs à vélo et de celles causées par la police.

Au moment de repartir, le soleil est encore haut et la canicule difficile à affronter : les dernier.es à ne pas avoir de chapeaux s’en font prêter et la roulotte-balais accueille celleux qui n’ont pas l’énergie de pédaler sous cette chaleur. Sur le trajet, des tuyaux d’arrosage d’habitant.es s’ouvrent au passage du convoi pour le rafraîchir et témoigner du large soutien populaire au convoi de l’eau.

En parallèle, hier, le lobbyiste Jean-Baptiste Moreau, ancien député et toujours membre de La république en marche, s’est fendu d’un tweet méprisant à propos du convoi :
« Les « paysans » qui les accompagnent sont indignes de porter ce nom. Ce ne sont que des idéologues qui sont incapables d’appliquer ce qu’ils théorisent n’ayant qu’un poil dans la main et des exploitations qui ne survivent que par perfusions d’aides publiques en tout genre car non viables économiquement car ne produisant à peu près rien.« 


Notons tout d’abord que les paysan.nes « n’accompagnent » pas le convoi de l’eau, ils et elles en sont pleinement parties prenantes, en tracteur comme à vélo. Par ailleurs, depuis l’instauration de la PAC, les aides publiques dont on parle financent massivement l’agro-industrie plutôt que les petites et moyennes exploitations paysannes.

Le convoi fait justement étape ce lundi soir dans une ferme, qui donne à voir de quoi ces « paysans incapables » sont capables.

Comme c’est désormais la coutume, des centaines de personnes accueillent les cyclistes à l’entrée de la coopérative agricole de Belêtre. À peine le temps de poser les vélos et d’installer les tentes, que des visites de la ferme sont proposées. A l’ombre des arbres, les cyclistes et celleux qui les ont rejoint sur cette étape écoutent les salarié.es raconter le quotidien d’une ferme biologique et paysanne en autogestion : les réunions et les plannings permettent de s’organiser pour libérer du temps à chacun.e, la machine fabriquée pour se débarrasser des doryphores, les membres de l’AMAP qui viennent cueillir le surplus de haricots verts… Cela fait bientôt dix ans que la ferme existe et elle salarie aujourd’hui 8 personnes sur 64 hectares pour produire des céréales, du pain, des plantes aromatiques et médicinales et une cinquantaine de légumes distribués en AMAP.

« Au début, on s’est regroupé.es pour ne pas s’épuiser seul.e, et c’est vrai qu’on s’épuisait un peu tou.te.s ensemble« , raconte une paysanne. « Mais petit à petit on a diminué les heures et on arrive maintenant à se payer au SMIC horaire.« 

La majorité des terres sont louées à la foncière Terre de liens, plusieurs salarié.es militent à la Confédération paysanne, des machines ont été fabriquées grâce aux formations de l’Atelier Paysan, l’aménagement de mares est en réflexion avec l’association Paysans de nature… c’est tout un monde qui se donne à voir à travers l’exemple de la coopérative paysanne de Belêtre.

Alors qu’une petite équipe reprend la préparation des sandwichs du lendemain au rythme du bal trad et dedes tubes révolutionnaires joués par La fanfare Invisible, une des coopératrices raconte comment elle est allée informer l’ensemble de habitant.e.s du territoire de l’arrivée et des revendications du convoi de l’eau. Demain, nous quitterons à regrets ce lieu si accueillant et inspirant pour atteindre la première grosse ville de notre périple : Tours !

22/08 Convoi de l’eau-  récit du jour 5 -En Loire, les victoires d’hier inspirent les luttes d’aujourd’hui

Ce mardi, le convoi de l’eau arrive en ville. Il faut être à l’heure pour rejoindre le rassemblement de soutien aux militant·es de Dernière Rénovation devant le palais de justice de Tours. Les 800 cyclistes et les dizaines de tracteurs quittent donc tôt la Coopérative paysanne de Belêtre et arrivent à Tours dès la fin de matinée. Les rocades qui défigurent les abords des villes sont pour une fois l’occasion d’une belle image : alors que la tête du convoi passe sous le pont d’une rocade, la suite s’étire jusque sur le pont et au-delà. Les défenseur.euses de l’eau sont partout, et entrent dans la ville sous le regard curieux des passant.es dont certain.es reprennent en coeur les slogans chantés à tue-tête sur les vélos. « De l’eau pour tous, tous pour l’eau ! ». Et près du palais de justice, de l’eau, il y en a. Les deux grandes fontaines de la place Jean-Jaurès ne sont pas envahies par les cyanobactéries, contrairement à la plupart des plans d’eaux croisés ces derniers jours. Alors de nombreux·es convoyeur.euses ne manquent pas l’occasion et profitent un moment des joies aquatiques.

Rassemblement à Tours contre la criminalisation du mouvement social et en soutien à Dernière rénovation

Vite séché.es au soleil, ils et elles écoutent les prises de parole en mangeant les succulents sandwichs foccacia-aubergine-soja. Le rassemblement dénonce la répression tous azimuts qui s’abat sur le mouvement social, des syndicalistes aux activistes de Dernière rénovation. Cette criminalisation des luttes va jusqu’à entraver la liberté de la presse, comme l’illlustre le cas de Yoan Jäger-Sthul, photojournaliste tourangeau interpellé par la SDAT et mis en examen dans « l’affaire Lafarge ». Plusieurs prises de parole mettent en avant ce cas emblématique d’une entrave à la liberté de la presse en plus de la criminalisation de l’activité syndicale.  Les soulèvements de la terre s’expriment,  avec l’opération de dissolution à leur encontre aujourd’hui avortée, pour affirmer à quel point la criminalisation peut parfois se retourner contre ses instigateurs, si l’insoumission se généralise, et catalyser les énergis plutôt que de les étouffer. 

La foule réunie à Tours exprime aussi un immense message de soutien à La Baudrière, squat anarcha-féministe transpédégouines de Montreuil qui vient d’être expulsé malgré la résistance acharnée des habitant·es et de leurs soutiens, barricadées et perchées sur leur toit.. La police a bien choisi son moment pour fermer de force cet espace d’organisation politique ouvert à de nombreuses luttes en région parisienne : leur festival Les Digitales démarre ce jeudi 24 août et devait se tenir dans le bâtiment occupé et elles devaient accuillir une fête pour la dernière étape parisienne du convoi de l’eau. Mais la force d’organisation et la solidarité entre les lieux est plus forte que la répression : le festival aura bien lieu, hébergé en urgence par La parole errante toute proche. La soirée d’accueil du convoi de l’eau prévue samedi 26 août dans le cadre du festival Les Digitales est donc maintenue malgré l’expulsion de la Baudrière.

Quant à Dernière Rénovation, dont 5 militant·es sont jugé·es derrière les portes du palais de justice, ils et elles expriment une évidence : l’heure est grave et il est grand temps d’agir contre le réchauffement climatique. Leur stratégie est de multiplier les actions symboliques de résistance civile pour forcer les gouvernements à prendre en compte cette évidence, par exemple en engageant enfin la rénovation thermique des bâtiments existants. C’est pour ça, pour avoir formulé cette simple demande, que cinq personnes sont jugées aujourd’hui, accusées d’avoir coloré en orange (à la peinture à l’eau) la façade de la préfécture d’Indre-et-Loire en mars dernier. Les réquisitions tomberont dans l’après-midi, après que le convoi soit reparti en donnant rendez-vous le 8 septembre à Niort pour le « procès de l’eau », qui sera l’occasion de montrer une fois de plus la force d’un mouvement qui ne fait que se renforcer à chaque tentative de l’étouffer.


Dans l’après-midi, le vice-procureur réclame donc pour chaque personne de Dernière rénovation inculpée cent jours-amende à 10 €, lui qui a pourtant parlé d’une cause « tout à fait légitime et honorable ». On plaindrait presque ces procureurs qui se sentent obligés de punir des gens après avoir avoué qu’iels avaient raison.

Le convoi, quant à lui, roule vers l’Île de la Métairie où l’attend une belle rencontre avec le peuple de la Loire.

Les victoires du peuple de la Loire

Entre l’ardoise et la tuile ocre
La Loire fait le partage
Pulvérulence des rives feuillues
Les hirondelles de la lune rousse
Découpent des parts de ciel
Comme des gâteaux cassés

C’est par ce poème d’Yves Cosson que le groupe composé de militant·es de Loire Vivante, musicien·nes, paysan·nes et autres chercheur·euses, démarre sa performance politico-pédagogique. Pendant une heure, sous les arbres au bord de la plage, la musique alterne avec les récits de lutte et les poésies. Ici, les gens se sont battus, et ils ont gagné. Dans les années 1990, ils ont repoussé un projet mortifère de quatre barrages sur la Loire et impulsé un plan de sauvegarde des oiseaux migrateurs, la réappropriation du fleuve par ses riverain·es, la réduction des pollutions industrielles, et au-delà, un nouveau rapport de force durable sur les questions de l’eau. Tout ne va pas bien pour autant : l’eau de la Loire est si chaude que les saumons peinent à y survivre, l’agro-industrie déverse tant de nitrates et de pesticides que les algues prolifèrent (et les cyanobactéries, là aussi), la baignade est interdite alors qu’une baignade populaire, prudente et respectueuse de la nature a longtemps existé et pourrait renaître.

La performance se termine par une invitation à reprendre ensemble la magnifique chanson traditionnelle d’Amérique du Sud popularisée par Henri Salvador, Les voleurs d’eau

Ils détournent la rivière, là haut, là haut,
Ils se moquent de nos misères, là haut, là haut
Si la soif nous affaiblit
Et si nos sources sont taries
Tous nos troupeaux
Vont périr l’un après l’autre, là haut, là haut
Il faut sortir nos fusils, là haut, là haut,
Il faut lutter pour nos vies
Mais d’abord il nous faut parler
De l’eau, de l’eau, de l’eau

Après cette belle rencontre, un chemin était tout indiqué pour la tracto-vélo : les bords de Loire sont pourvus d’une piste autorisée uniquement aux vélos…et aux tracteurs. Voilà donc le convoi lancé le long du fleuve jusqu’à son étape du soir, à Lussault-sur-Loire, où un piano juché sur une plateforme l’attend en tracteur pour démarrer les festivités du soir dès les derniers mètres de cette belle journée de lutte.

Mercredi, le convoi sera à Mer pour un rassemblement et une intervention à 17h devant la zone industrielle des portes de Chambord, rue Jean Mermoz, afin de dénoncer l’accaparement des terres par la multiplication des entrepôts logistiques.

No Bassaran

23/08 récit du jour #6 – A bas le béton et le nucléaire !

C’est l’étape la plus longue du Convoi qui attend les participant.e.s : 70 kilomètres à parcourir entre Lussault-sur-Loire et Lestiou, alors que le soleil et la chaleur se font de plus en plus oppressants. Le départ est avancé d’une demi-heure pour rouler à « la fraîche ».

Les premiers à prendre la route sont les camions de l’Inter-cantines : une coopération de cantines en lutte qui se mobilise depuis deux ans sur les événements organisés contre les méga-bassines. Chaque jour durant le Convoi de l’eau, l’Inter-cantines assure 700 à 1000 petits-déjeuners, piques-niques et dîners. Au noyau qui se déplace de bivouac en bivouac pour préparer ces repas, s’ajoutent tous les jours des bénévoles venu.e.s des territoires traversés. 

[Pour en savoir plus sur l’Inter-cantines, rendez-vous sur le blog du Convoi de l’eau : https://convoideleau.nohost.me/yeswiki/?Journal]

Une halte est organisée devant une des plateformes logistiques de Mer, hideux et gigantesque bâtiment gris s’étalant comme un triste horizon… Les associations « A bas le Béton ! », « Romo Citoyenne » et la Coopération Luttes Locales Centre prennent la parole. Ensemble, depuis deux ans, iels luttent contre l’artificialisation des terres agricoles de leur région. Rien qu’à Mer, ce sont 7 projets de plateformes (dont le plus grand bâtiment mesurerait 100.000 m² et 15 mètres de haut) qui sont dans les cartons, soit au total plus de 80 hectares d’artificialisation de terres et 2.000 camions supplémentaires passant chaque jour. A Romorantin, ce sont deux plateformes logistiques, une de 44.000 m² et un autre bâtiment de 27.000 m² sur 18 hectares de prairies permanentes vierges, dont 4 hectares de zone humide, qui doivent voir le jour. A Lamotte-Beuvron, ce sont 16 hectares de forêt qui sont menacés. A Salbris, c’est un projet de 60.000 m² classé Seveso sur un site de 16,5 hectares qui est en cours de construction…

La seconde image marquante de la journée est celle des tours réfrigérantes de la centrale de production nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux. Il s’agit de rappeler que la lutte anti-nucléaire est intrinsèquement liée à celle de l’accaparement de l’eau. En effet, la filière industrielle nucléaire en prélève d’énormes quantités : 700 millions de m³ en 2021 (selon les rapports environnementaux d’EDF) pour refroidir les 14 réacteurs situés en Loire et en Vienne. L’évaporation correspond à elle seule à la consommation annuelle d’eau potable de 3,35 millions d’habitant.e.s, soit bien plus que la population de la région Centre (2,57 millions) !

Mais l’industrie du nucléaire ne se contente pas de pomper l’eau. Lorsqu’elle la rejette, elle fait s’élever la température des fleuves, ce qui impacte durablement la biodiversité. Et elle ne la « rend » pas « propre » : rien qu’en 2020, près de 6.000 tonnes de substances chimiques diverses ont été rejetées dans la Loire et la Vienne, ainsi que des quantités non négligeables de substances radioactives.

Enfin, l’industrie nucléaire « embarrage » l’eau, pour conserver un débit suffisant d’étiage nécessaire au refroidissement des réacteurs. Ces barrages modifient considérablement le cycle de l’eau et la vie de la faune alluviale.

Le soir, au bivouac de Lestiou, des membres du collectif Loire Vienne Zéro Nucléaire ont

expliqué pourquoi et comment iels se battent contre l’industrie du nucléaire, soit disant

« propre » et sans impact sur l’environnement : iels ont notamment formé des bénévoles à

des prélèvements scientifiques rigoureux afin d’apporter des preuves

solides qu’EDF ne remplit pas ses obligations en matière de normes.

Si le scénario semble bien noir pour cette région, les membres des associations et collectifs qui se battent ont voulu porter un message d’espoir : oui, la convergence des luttes sociales et écologiques est possible, et elle porte ses fruits ! A Mer, sur les 7 projets, 5 sont à l’arrêt grâce à la lutte de l’association « A bas le béton ! » A Lamotte-Beuvron, grâce à la pression du collectif local, le promoteur a jeté l’éponge ! Partout, la lutte continue contre l’accaparement et l’artificialisation des terres !

24/08 récit du jour #7 – Surprise !!!!

Les participant.e.s au Convoi ne le savent pas encore, mais c’est la dernière fois qu’iels sont réveillé.e.s de bon matin par Paloma. Dès 5h30 ou 6 h selon les départs, munie de sa guitare, elle s’emploie à motiver cyclistes et conducteur.ice.s à se lever. Avec plus ou moins de succès, tant son style est… particulier ! Tantôt douce, tantôt véhémente, elle plaît autant qu’elle agace. A tel point que certain.e.s sont allé.e.s se plaindre à l’organisation ! Mais une manifestation de soutien fomentée par ses fans devant sa tente aura eu raison de la contestation, et Paloma remplira sa mission jusqu’au bout !

Si elle chante pour la dernière fois, ce n’est donc pas parce qu’elle a cédé aux pressions mais parce que vendredi matin, le Convoi ne sera pas à Bou comme prévu mais… devant l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne à Orléans !

Pour l’heure, il prend la route sous un ciel orageux, bientôt zébré d’éclairs. Malgré la pluie qui tombe dru, le cortège est toujours aussi joyeux, motivé par le fait d’atteindre bientôt son but. L’arrivée est, comme toujours, rythmée par les zbeulinettes qui crachent à pleines enceintes : « Quand on arrive en ville ! » Les sentiments sont mêlés, entre euphorie et inquiétude quant à la manière dont les forces de l’ordre vont nous accueillir.

Pourquoi avons-nous dévié notre parcours ? Parce que nous espérons être reçu.e.s par les représentant.e.s du Comité de bassin et notamment par son président, Thierry Burlot. Parce que nous tenons aussi à être bien à l’heure à notre rendez-vous avec la préfète, fixé au lendemain, vendredi, 15 heures !

Arrivé.e.s devant l’Agence de l’eau, un campement provisoire s’installe en plein boulevard, sur le bitume. Les camarades paysan.ne.s apportent de la paille pour que les tentes s’installent confortablement, les douches et toilettes apparaissent, les tables et bancs aussi… Tout le monde a le sourire aux lèvres ! Les cantines, qui ont pu bénéficier du camp de base de Bou pour se préparer, arrive bientôt avec de fabuleux repas. 

Les médias sont là pour couvrir l’événement. L’appel est lancé sur les réseaux sociaux pour que tou.te.s celleux qui peuvent nous rejoignent.

Les forces de l’ordre sont positionnées de chaque côté du boulevard mais n’empêchent pas les allers et venues.

La soirée se prolonge sous la nuit étoilée. Des musicien.ne.s se relaient sur une petite scène improvisée devant les grilles de l’Agence, où l’on danse et chante à tue-tête pour expulser fatigue et tension. Nous le savons : deux jours cruciaux nous attendent. Il faut reprendre des forces !

Alors, pas de réveil de Paloma le matin : « grasse mat’ » en attendant l’arrivée de Thierry Burlot et de la préfète…

25/08– Pas de négociations ? Occupation !

Le Convoi, c’est éprouver le monde qui nous entoure avec nos sens. Durant une semaine, nous nous sommes levé.e.s avec le chant des oiseaux et l’odeur de l’herbe chaude. Aujourd’hui, nos yeux ne peuvent fixer que des entrepôts et nos pieds, fouler le béton.

Le campement a pris un rythme tranquille. A 11 heures, une délégation composée de membres de Bassines Non Merci et de la Confédération paysanne est reçue par Thierry Burlot, le président du Comité de bassin. Elle insistera pour qu’il vienne parler à la foule. Il n’osera pas.

A midi, des cyclistes quittent le campement pour aller rejoindre des camarades venu.e.s d’Orléans et des alentours en vélo, au Pont-Royal, en centre-ville. Iels sont bientôt tou.te.s là, à l’Agence de l’eau, accueilli.e.s sous les hourras.

Dans l’après-midi, ce sont environ 80 cyclistes qui ont décidé de s’auto-organiser pour rejoindre Paris à vélo !

Peu après 15 heures, la délégation entre dans l’Agence de l’eau pour rencontrer la nouvelle préfète coordinatrice de bassin, Sophie Brocas. Nos revendications, martelées durant tout le Convoi de l’eau, n’ont pas varié : un moratoire sur l’ensemble des chantiers en cours, des projets et des financements de méga-bassines.

Mais un événement vient enflammer les échanges : par téléphone, nous apprenons que les grilles ont été posées autour du terrain de la future méga-bassine de Priaires, annonçant le début éminent des travaux. La préfète semble mise devant le fait accompli. Les téléphones chauffent en direction des ministères. C’est la panique à l’Agence de l’eau ! Dehors, stupéfaction et colère s’expriment surtout à grands coups de cris et de percussions improvisées sur des casseroles, des pancartes…

Pour autant, rien n’avance, la préfète ne cessant de répéter que le financement des six premières méga-bassines ne peut être annulé, mais que le dialogue sera rouvert sur les dix suivantes. Inacceptable pour notre délégation.

Après cinq heures de négociations, nos camarades annoncent qu’iels resteront dans l’Agence de l’eau. Iels enregistrent une vidéo diffusée sur tous nos réseaux. Sophie Brocas quitte les lieux pour animer une conférence de presse dans sa préfecture. Elle se dit « trahie » !

Le siège s’organise : on réunit duvets, matelas, nourriture, eau pour celleux qui s’apprêtent à dormir dans des bureaux presque vides. La fatigue et la déception sont palpables. Cette fois, il faut vraiment dormir. Car demain, puisque nous n’avons pas été entendu.e.s ici, nous irons porter nos revendications aux ministères. Paris, nous voilà !

26/08- récit du jour #8 : Le final parisien

Si une petite centaine de cyclistes motivé.e.s avaient commencé à rouler depuis Orléans vers Paris dès le vendredi après-midi, c’est le samedi matin, après avoir retrouvé les représentant.e.s du mouvement qui avait passé la nuit dans l’Agence de l’eau Loire-Bretagne qu’une délégation du convoi prend la route vers la capitale. Non sans avoir démonté une grille de l’agence lors du départ, de montrer l’exemple de ce qui devra être fait pour arrêter le chantier de méga-bassine tout juste démarré à Priaires (79).

A midi, à Paris, quelques centaines de personnes commencent à se retrouver sur la pelouse du Champ-de-Mars, autour des vélos et des banderoles qui ont fait le trajet et en attendant que se monte la sono. C’est que le lieu du rendez-vous n’a été dévoilé que deux heures avant, histoire de faire une petite surprise à la préfecture, qui n’avait pas trop envie que l’on s’installe au pied de la Tour Eiffel.

Lorsque les portes paroles de Bassines Non Merci, de la Confédération paysanne et des Soulèvements de la Terre prennent la parole pour raconter l’épopée des centaines de kilomètres parcourus, de repas distribués, de sourires et d’acclamations sur les bords des routes, c’est toute l’émotion de l’aventure partagée qui se transmet. La fatigue commence à se faire sentir, la colère aussi, face à la nouvelle apprise la veille de la pose des barrières autour du chantier de la bassine de Priaires, mais ce midi, c’est aussi la joie et la détermination, le fait de savoir que nous ne comptons pas nous arrêter là, que racontent tou.te.s celleux qui prennent la parole. Les représentant.e.s des luttes locales d’Île-de-France et de collectifs internationaux sont là également pour rappeler la nécessité d’une convergence locale et d’une structuration internationale de nos luttes.

Les sandwichs préparés par la cantine des Daronnes en luttes en poche, le cortège qui, à 14 heures, comprend un millier de personnes à pied et à vélo, s’élance au son de la fanfare vers les Invalides et l’Assemblée nationale. C’est que nous aurions bien célébré l’arrivée de notre version du Tour de France en remontant les Champs-Elysées mais les ponts sont bien gardés et c’est en chanson que le cortège se fait stopper au début de celui de l’Alma. Qu’importe ! Une méga banderole trouve sa place en audace tout en haut d’un bus touristique bloqué par la masse de vélos. Au son de « et grille par grille, et bâche par bâche, nous démonterons toutes les bassines », le peloton repart vers l’Assemblée nationale, le boulevard Saint-Germain, et le ministère de la Transition écologique où les touristes et les riverain.e.s que l’on rencontre à chaque pause semblent découvrir ce que sont les méga-bassines.

Notre joyeux cortège – qui n’attendait rien du ministre au vu des rendez-vous de la veille avec la préfète – profite de son pouvoir disruptif et de sa visibilité au cœur des flux parisiens, et préfère rester groupé pour repartir vers Montreuil. C’est là que nous accueillent les membres de la collective de La Baudrière, expulsé.e.s trois jours auparavant et qui ont déplacé leur festival Les digitales à la Parole errante. L’immeuble de La Baudrière fut pendant deux ans un lieu d’auto-organisation et de réflexion anarcho-féministe pour un groupe de personnes TPG (trans-pédé-gouine), un espace de vie politique défendant la possibilité de s’organiser dans des espaces libres face à l’exploitation capitaliste du foncier et défendant le droit d’usage au cœur des villes. Notre passage devant ce lieu rappelle à tou.te.s qu’en ville comme ailleurs, l’accaparement des terres et du foncier par le capital se fait au détriment des plus précaires. C’est dans ce sens que la collective de 

La Baudrière accueille l’arrivée finale du Convoi aux portes de la Parole errante, lieu d’expérimentation collective à Montreuil qui résiste aux tentatives de reprises depuis des années. La soirée, en solidarité aux collectives queer racisés Maricolandia et Marokkuer zawya est l’occasion pour certain.e.s de se rencontrer, avant que ne commencent les DJ set, autour d’une performance dans la grande salle ou d’un petit bal pop’ improvisé dans le jardin.

Et pour des témoignages sensibles, rendez-vous sur le blog : https://convoideleau.nohost.me/yeswiki/?Journal

Voici le Méga-guide avec le programme détaillé du convoi !

Appel à méga-tracto-vélo contre les méga-bassines. Pour le partage de l’eau et des terres

☀️ La sécheresse est bien là et ne prendra pas de vacances cet été. Et pourtant le gouvernement prétend plastifier Sainte-Soline et peut-être même démarrer de nouveaux chantiers de bassines à l’automne dans les Deux-Sèvres, en Charente et en Vendée.

Et pourtant Macron appelle à une « pause » des mesures écologiques et appuie les politiques agro-industrielles qui essorent les plaines. Il relance la construction des bassines des neiges, qui vident les nappes des montagnes, et augmente encore l’artificialisation des sols qui fait fuir l’eau hors des terres… 

💥 Alors que le mouvement contre les méga-bassines et pour la défense de l’eau ne cesse de monter en force, le gouvernement français a tenté de l’étouffer par une répression d’une brutalité sidérante le 25 mars dernier. Les 5000 grenades lancées en 2h sur 30 000 manifestant.es, pour défendre les intérêts de quelques uns des lobbys les plus climaticides du pays, resteront gravées dans la mémoire collective. Elles ont mis à nu ce que Macron a à nous offrir en matière d’écologie et suscité un élan de solidarité internationale.

Comment ont-ils pu croire nous empêcher ainsi de continuer à nous battre pour cet enjeu absolument vital qu’est l’eau et pour son juste partage ?

🆘 Pour donner suite au 25 mars, une série d’interventions locales s’élaborent pour maintenir la pression sur les décideurs, financeurs et sous-traitants des chantiers de bassines. Mais il nous fallait aussi un rendez-vous commun pour nous retrouver de nouveau en foule soudée, vibrante et….roulante. Nous appelons cette fois-ci à un grand voyage pour l’eau.

Comme lors de la marche du Larzac à l’été 1978 pour stopper l’extension du camp militaire, ou la tracto-vélo de l’hiver 2015 partie de la zad de Notre-Dame-des-Landes en plein état d’urgence pour aller arracher la fin du projet d’aéroport, nous partirons le 18 août des terres menacées par les bassines afin d’aller demander des comptes et poser des actes.

🎯 Nous irons demander des comptes à l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne, instance qui décide du financement de ces bassines à 80 % avec de l’argent public. Nous irons jusqu’à son siège à Orléans signifier à ses administrateurs qu’il n’est pas question qu’un centime de plus serve au démarrage d’un nouveau chantier.

🎯 Nous irons poser des actes face aux coopératives et industries des engrais et pesticides qui forcent à la construction de ces infrastructures pour maintenir leurs profits. Nous irons jusqu’au ministère de l’agriculture qui les appuie à n’importe quel prix. Parce que tout cela doit cesser ! Parce que nous devons enfin aboutir à’un moratoire sur les méga-bassines dans l’ensemble du pays et passer à la mise en oeuvre de projets de territoires qui assurent le partage de l’eau et  une agriculture qui protège les sols,les nappes et les cours d’eau.

🚲 🚜 🤸‍♀️ Le convoi sera constitué d’habitant.es des bassins versants traversés et d’ailleurs, d’amoureux.ses de leurs terres et cours d’eau plus que jamais déterminé.es à les défendre, de paysan.nes œuvrant déjà au quotidien à une sortie du dogme productiviste, de cyclistes prêt.es à prendre le parti des bas-côtés, et de vacancier.es déters à « voyager utile » et à découvrir le pays en bande organisée.

📌 Elle marquera ses revendications en chemin, avec des centaines ou milliers de vélos, avec des dizaines de tracteurs, en occupant les routes du pays. Ce convoi avancera et sera accueilli grâce au maillage constitué par l’ensemble des comités Bassines Non Merci, Soulèvements de la Terre, grâce aux sections syndicales de la Confédération paysanne et à d’autres organisations alliées.

🚜 🚴‍♀️ Nous appelons à la formation d’autres convois partis d’autres régions et à des confluences constantes pour que la rivière de vélos partie de Sainte-Soline devienne fleuve et force les barrages des politiques d’accaparement.

Premiers signataires :                                          

A bas le béton

Alternatiba Paris

Alternatiba Strasbourg

Association pour la Cohérence Environnementale en Vienne (ACEVE).

Association la clé des champs

Association Eau publique Orge-Essonne

Association Nature et Tempo

Association Sortir du nucléaire Pays nantais

Action Antifasciste Deux-Sèvres 79

Alternatiba Besançon

Alternatiba Rennes

Assemblée Populaire d’Auxerre

Association YACABA

Attac 16

Attac Alès-Cévennes

Attac France

Attac Gironde

Bassines Non Merci Ardennes Marne

Bassines Non Merci Aume-Couture

Bassines Non Merci Berry

Bassines Non Merci 29

Bassines Nonmerci 79

Bibliothèque FAHRENHEIT 451

Blaisois Naturellement

Bureau 122

Châtellerault L’Insoumise

Citoyen du monde

Collectif Bretagne contre les fermes-usines

Collectif Climat et Biodiversité

Collectif contre le canal Seine Nord Europe

Collectif « eaux à gué » (30)

Collectif Entre-Tous !

Collectif Marie-Monique Robin Parthenay(79)

Collectif Nourrir 86

Colère Citoyenne 79

Comité Des Soulèvements de la Terre de Figeac

Comité des Soulèvements de la terre du Sud Vendée

Commune de Scévolles

Cie AVECAVEC

Conf Paysanne de Charente

Confédération Paysanne Charente Maritime

Confédération Paysanne Deux-Sèvres

Confédération paysanne Loir-et-Cher

Confédération paysanne 37

Confédération Paysanne Vendée

Confédération paysanne 86

Connexion paysanne

Coordination Eau Ile-de-France

Coordination Eau Bien Commun France

CNT SO 18

CNT 34 ESS

DAL 77

Domaine de Mirebeau

Droit au logement

Eau S’cours !

ECOavenir

En route! Pour Paris pour protéger l’eau et la Terre !!

Extinction Rebellion Angers

Extinction Rebellion Blois

Extinction Rebellion Brest

Extinction Rebellion – Changement de Régime

Extinction Rébellion Concarneau

Extinction rébellion Grenoble

Extinction Rebellion La Rochelle

Extinction Rebellion Limoges

Extinction Rebellion Quimper

Ferme des Bordères

Gauche Écosocialiste

Gauche Eco-Socialiste (GES) 86

Génération.s 79

Groupe Gaston Couté de la Fédération Anarchiste FA Loiret

Internationale des Savoirs pour Tous (IDST)

Ki-6-Col’ association militante (18)

La Cantina Libre

La France Insoumise 79

La graine solidaire

La voie est libre

L’Antivol

L’eau qui mord

Le Cercle 49

LE CONVOI DE LA LIBERTÉ

Le Printemps du CARE

Les Ami·e·s de la Confédération paysanne

Les Assemblées CinéToyennes

Les bagnards de la République

Les soulèvements de la terre

LFI GA Avanti Popolo Poitiers 86

LUSSAULT VIGILANCE

Maison du peuple en colère

Maquis

Mène Ta Pomme (33)

Mouvement des AMAP – Miramap – Mouvement Interrégionnal des AMAP

Moins vite !

Mr Mondialisation – Média indépendant

NDDL Poursuivre Ensemble

NPA – Nouveau Parti Anticapitaliste

NPA 41

NPA 86

Nous voulons des coquelicots grand Châtellerault

Nouvelle Donne

OzActes – Quimperlé (29)

Parti Communiste des Ouvriers de France – 33

PCF 79 – Parti Communiste Français fédération des Deux-Sèvres

Pépinière Les Herbes Folles

Peuple Révolté

Rendez-nous la mer – Ar mor·Bro An Oriant

Reveil des Terres de Cholet

Solidaires Charente

Solidaires 37

Solidaires 79

Soulèvements de la terre La Rochelle

Union des Jeunes Révolutionnaires (UJR)

UN’Yon Etudiante

US Solidaires Vendee

Union Syndicale Solidaires

Stop Fessenheim ( Page officielle)

Stop Mines 23

SUD éducation Lorraine

Terres Vivantes en Cévennes

UD CGT 86

VITE 85

Youth For Climate – Angers

Youth For Climate La Rochelle

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